Bloc 2Gestion de DonnéesConceptionConception de bases de données

Conception de bases de données

1. Introduction à la conception de base de données

  1. Définition d’une base de données

    • Un ensemble structurĂ© de donnĂ©es reliĂ©es logiquement, stockĂ©es et gĂ©rĂ©es par un système de gestion de base de donnĂ©es (SGBD).
    • Permet la manipulation (insertion, mise Ă  jour, suppression), la recherche et la consultation de donnĂ©es de façon efficace et sĂ©curisĂ©e.
  2. Objectifs principaux

    • Assurer la cohĂ©rence et l’intĂ©gritĂ© des donnĂ©es.
    • Faciliter l’accès, la mise Ă  jour et l’exploitation des donnĂ©es.
    • GĂ©rer les contraintes de performance et de sĂ©curitĂ©.
  3. Cycle de vie d’une base de données

    1. Étude des besoins (ou analyse).
    2. Conception conceptuelle : création d’un modèle conceptuel (ex. MER : Modèle Entité-Relation).
    3. Conception logique : traduction du modèle conceptuel en un schéma logique (tables, attributs, clés).
    4. Conception physique : mise en place des structures de stockage et optimisation (index, etc.).
    5. Implémentation et test : utilisation du langage SQL ou d’outils SGBD pour créer la base.
    6. Exploitation et maintenance : corrections, évolutions, ajustements de performance.

2. Analyse des besoins et spécifications

  1. Collecte des besoins

    • Comprendre la finalitĂ© de la base (types d’informations Ă  stocker, utilisateurs cibles, volume de donnĂ©es, etc.).
    • Interroger les futurs utilisateurs et rĂ©diger un cahier des charges fonctionnel.
  2. Identification des informations et des processus

    • Lister les donnĂ©es nĂ©cessaires.
    • Analyser les flux de donnĂ©es et la frĂ©quence des mises Ă  jour.
    • DĂ©terminer les besoins en performance (temps de rĂ©ponse, volume).
  3. Résultats attendus

    • Jeu d’exemples de donnĂ©es.
    • Cas d’utilisation dĂ©crivant les grandes interactions avec le système.
    • Contraintes particulières (sĂ©curitĂ©, confidentialitĂ©, haute disponibilitĂ©, etc.).

3. Modélisation conceptuelle (Modèle Entité-Relation)

  1. Concepts fondamentaux du Modèle Entité-Relation (MER)

    • EntitĂ© : objet ou concept du monde rĂ©el Ă  reprĂ©senter (ex. Personne, Produit, Commande).
    • Attribut : caractĂ©ristique d’une entitĂ© (ex. nom, date de naissance, prix).
      • ClĂ© primaire (attribut ou ensemble d’attributs) identifiant de façon unique chaque occurrence d’une entitĂ©.
    • Relation (Association) : lien sĂ©mantique entre entitĂ©s (ex. Un client passe des commandes).
    • CardinalitĂ©s : prĂ©cisent le nombre minimal et maximal d’occurrences d’une entitĂ© liĂ©es Ă  une occurrence d’une autre entitĂ© (1:1, 1:N, N:N).
  2. Étapes de la conception conceptuelle

    1. Identification des entités : à partir des besoins, déterminer les grandes classes d’objets.
    2. Identification des attributs : recenser les informations décrivant chaque entité.
    3. Identification des relations : repérer les associations logiques entre entités.
    4. Définition des cardinalités : préciser le degré de participation (1:1, 1:N, etc.).
    5. Placement des clés primaires : pour identifier de manière unique chaque entité.
  3. Associations spécifiques

    • Relation N:N : se modĂ©lise en gĂ©nĂ©ral par une table (entitĂ© associative) dans la conception logique.
    • Relation 1:1 : parfois fusionnable en une seule entitĂ© si la sĂ©paration n’est pas pertinente.
    • HĂ©ritage / spĂ©cialisation : modĂ©liser les sous-classes et super-classes avec les attributs communs et spĂ©cifiques.
  4. Exemple (simplifié)

    • EntitĂ© Client (clĂ© primaire : ID_Client, attributs : Nom, PrĂ©nom, TĂ©lĂ©phone)
    • EntitĂ© Commande (clĂ© primaire : ID_Commande, attributs : Date, MontantTotal)
    • Relation : Client passe N Commandes (1:N)

4. Modélisation logique

Une fois le modèle conceptuel validé, on passe au modèle logique (généralement relationnel).

  1. Traduction des entités en tables

    • Chaque entitĂ© devient une table.
    • Chaque attribut devient une colonne.
    • La clĂ© primaire de l’entitĂ© est choisie comme clĂ© primaire de la table.
  2. Traduction des relations

    • Relation 1:N : la clĂ© primaire de la table cĂ´tĂ© « 1 » devient clĂ© Ă©trangère dans la table cĂ´tĂ© « N ».
    • Relation N:N : crĂ©er une table associative contenant au minimum les clĂ©s primaires des deux tables impliquĂ©es.
    • Relation 1:1 : si elle se justifie, on peut stocker la clĂ© primaire d’une table comme clĂ© Ă©trangère (et potentiellement clĂ© primaire) dans l’autre table.
  3. Contraintes d’intégrité

    • ClĂ© primaire (PRIMARY KEY) : identifiant unique d’une table.
    • ClĂ© Ă©trangère (FOREIGN KEY) : fait rĂ©fĂ©rence Ă  une clĂ© primaire d’une autre table pour lier logiquement les donnĂ©es.
    • Contraintes de domaine (type de donnĂ©es, valeurs autorisĂ©es, etc.).
    • Contraintes d’unicitĂ© (UNIQUE) pour Ă©viter les doublons.
    • Contraintes de non-nullitĂ© (NOT NULL) pour exiger la prĂ©sence d’une valeur.
  4. Normalisation

    • Vise Ă  Ă©liminer les redondances et Ă  Ă©viter les anomalies (d’insertion, de suppression, de mise Ă  jour).
    • Principales formes normales :
      1. 1ère forme normale (1NF) : pas de répétition de groupes d’attributs, atomicité des valeurs.
      2. 2ème forme normale (2NF) : être en 1NF et tous les attributs non-clés dépendent de la totalité de la clé primaire (dans le cas de clé primaire composite).
      3. 3ème forme normale (3NF) : être en 2NF et tous les attributs non-clés dépendent directement de la clé primaire (pas de dépendances transitives).
      4. Forme Normale de Boyce-Codd (BCNF) : condition plus stricte que la 3NF, toute dépendance fonctionnelle doit avoir une clé candidate comme déterminant.
  5. Exemple (simplifié de traduction MER → MLD)

    • Table CLIENT(ID_Client, Nom, PrĂ©nom, TĂ©lĂ©phone, ...)
    • Table COMMANDE(ID_Commande, Date, MontantTotal, ID_Client en FK)

5. Conception physique

Une fois le modèle logique défini, on passe à la conception physique, c’est-à-dire l’implémentation dans un SGBD réel (MySQL, PostgreSQL, Oracle, etc.).

  1. Choix du SGBD

    • Critères : performance, compatibilitĂ©, robustesse, coĂ»t, etc.
    • SpĂ©cificitĂ©s : types de donnĂ©es particuliers (DATE, VARCHAR, TEXT, BLOB, etc.), syntaxe SQL propre au SGBD.
  2. Création des tables (DDL – Data Definition Language)

    CREATE TABLE Client (
        ID_Client      INT PRIMARY KEY,
        Nom            VARCHAR(50) NOT NULL,
        Prenom         VARCHAR(50),
        Telephone      VARCHAR(20),
        ...
    );
    • DĂ©finition des types de donnĂ©es, des contraintes (NOT NULL, UNIQUE, DEFAULT, etc.).
  3. Indexation

    • Index : structure de donnĂ©es (souvent arbre B) permettant d’accĂ©lĂ©rer les recherches.
    • Index primaire : gĂ©nĂ©ralement la clĂ© primaire.
    • Index secondaires : pour accĂ©lĂ©rer des requĂŞtes frĂ©quentes sur certains attributs.
    • Attention : trop d’index peut nuire aux performances en insertion / mise Ă  jour.
  4. Optimisations

    • Choix du type de stockage (InnoDB/MyISAM pour MySQL, etc.).
    • Partitionnement des tables pour de grands volumes de donnĂ©es.
    • VĂ©rification de la taille des champs pour optimiser l’espace disque.
  5. Sécurité et gestion des droits

    • CrĂ©ation d’utilisateurs avec des privilèges spĂ©cifiques (GRANT, REVOKE).
    • ContrĂ´le d’accès, gestion des rĂ´les.
    • SĂ©curisation des donnĂ©es sensibles (chiffrement, masquage des donnĂ©es).

6. Manipulation des données et requêtes SQL

Après la création physique des structures, on manipule les données grâce au langage SQL.

  1. Langage de définition de données (DDL)

    • CREATE TABLE, ALTER TABLE, DROP TABLE, etc.
  2. Langage de manipulation de données (DML)

    • INSERT : ajouter des enregistrements.
    • UPDATE : modifier des enregistrements existants.
    • DELETE : supprimer des enregistrements.
    • SELECT : interroger la base pour rĂ©cupĂ©rer des donnĂ©es.
  3. Requêtes de sélection (SELECT)

    • SĂ©lection simple :
      SELECT Nom, Prenom 
      FROM Client 
      WHERE ID_Client = 123;
    • Clauses : WHERE, GROUP BY, HAVING, ORDER BY, LIMIT, etc.
    • Jointures :
      • INNER JOIN : retourne les enregistrements communs aux deux tables.
      • LEFT JOIN : retourne tous les enregistrements de la table de gauche mĂŞme s’il n’y a pas de correspondance.
      • RIGHT JOIN, FULL JOIN, etc.
  4. Fonctions d’agrégation

    • COUNT(), SUM(), AVG(), MAX(), MIN().
    • Souvent combinĂ©es avec GROUP BY.
  5. Transactions et contrĂ´le de concurrence

    • START TRANSACTION / COMMIT / ROLLBACK : pour garantir la cohĂ©rence des donnĂ©es en cas de pannes ou d’actions multiples.
    • Isolation : niveaux d’isolation (READ UNCOMMITTED, READ COMMITTED, REPEATABLE READ, SERIALIZABLE).

7. Intégrité, contraintes et triggers

  1. Intégrité référentielle

    • ClĂ© Ă©trangère : assure la cohĂ©rence entre les tables (ex. ne pas supprimer un client qui a encore des commandes actives).
    • Action sur suppression / mise Ă  jour : ON DELETE CASCADE, ON DELETE SET NULL, etc.
  2. Contraintes métier

    • CHECK : impose des conditions sur un attribut (ex. CHECK (MontantTotal >= 0)).
    • UNIQUE : pour forcer l’unicitĂ© sur un ou plusieurs attributs (ex. une adresse email).
  3. Triggers

    • Blocs de code exĂ©cutĂ©s automatiquement lors d’un Ă©vĂ©nement (INSERT, UPDATE, DELETE).
    • UtilisĂ©s pour assurer des règles mĂ©tier complexes ou pour historiser des changements.

8. Évolutions, maintenance et performance

  1. Évolutions

    • Modification du schĂ©ma : ajout ou suppression d’attributs, crĂ©ation de nouvelles tables, migration de donnĂ©es.
    • NĂ©cessitĂ© de planifier les changements et de tester en environnement de prĂ©-production.
  2. Maintenance préventive

    • RĂ©indexation rĂ©gulière.
    • Nettoyage des donnĂ©es obsolètes.
    • Sauvegardes automatiques (backups).
  3. Surveillance des performances

    • Outils de monitoring (journaux d’activitĂ©, analyse de requĂŞtes lentes).
    • Optimisation des requĂŞtes (utiliser les bons index, Ă©viter les jointures inutiles).
    • ScalabilitĂ© (ajout de ressources matĂ©rielles, sharding, rĂ©plication).

9. Bonnes pratiques et conseils pour l’examen

  1. Bien maîtriser la modélisation conceptuelle (MER)

    • ĂŠtre Ă  l’aise avec la dĂ©finition des entitĂ©s, attributs, relations et cardinalitĂ©s.
    • Justifier vos choix de modĂ©lisation en cas d’hĂ©ritage, entitĂ©s faibles, etc.
  2. Normalisation

    • ConnaĂ®tre les diffĂ©rentes formes normales et savoir dĂ©tecter rapidement les anomalies de conception (redondances, dĂ©pendances partielles, transitives).
    • Savoir les appliquer de façon pragmatique (on ne pousse pas toujours Ă  BCNF selon les besoins).
  3. SQL et jointures

    • Savoir Ă©crire des jointures correctes (INNER, LEFT, etc.).
    • MaĂ®triser les agrĂ©gations (GROUP BY, HAVING) et la logique des transactions.
  4. Contraintes et intégrité

    • Comprendre l’importance des clĂ©s primaires et Ă©trangères.
    • ConnaĂ®tre les mĂ©canismes de ON DELETE et ON UPDATE.
  5. Préparation d’un schéma relationnel complet

    • Se prĂ©parer Ă  fournir un schĂ©ma (tables, clĂ©s, types de donnĂ©es) et justifier la prĂ©sence de certaines colonnes (FK, index).
    • ĂŠtre capable d’expliquer la conception du modèle physique et son adĂ©quation aux contraintes de performance et de sĂ©curitĂ©.
  6. Relecture, cohérence et syntaxe

    • VĂ©rifier systĂ©matiquement les liens entre tables (FK).
    • Veiller Ă  la cohĂ©rence des types de donnĂ©es (VARCHAR taille suffisante, DATE / TIMESTAMP pour les dates, etc.).
    • Reprendre un exemple concret pour illustrer chaque concept.

Conclusion

La conception de bases de données consiste à transformer des besoins métier en un modèle conceptuel puis logique et enfin à l’implémenter physiquement dans un SGBD. Chaque étape (analyse, modélisation, normalisation, implémentation, maintenance) est cruciale pour assurer une base de données fiable, performante et évolutive.

Pour l’examen, focalisez-vous sur :

  • La construction et la justification du Modèle EntitĂ©-Relation (MER).
  • La traduction de ce modèle au format relationnel (tables, clĂ©s, contraintes).
  • Les principes de normalisation et leur application concrète.
  • Les aspects de SQL (jointures, transactions, sous-requĂŞtes, fonctions d’agrĂ©gation, etc.).
  • Les contraintes d’intĂ©gritĂ© (clĂ©s primaires, Ă©trangères, CHECK, triggers).