Conception de bases de données
1. Introduction à la conception de base de données
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Définition d’une base de données
- Un ensemble structuré de données reliées logiquement, stockées et gérées par un système de gestion de base de données (SGBD).
- Permet la manipulation (insertion, mise à jour, suppression), la recherche et la consultation de données de façon efficace et sécurisée.
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Objectifs principaux
- Assurer la cohérence et l’intégrité des données.
- Faciliter l’accès, la mise à jour et l’exploitation des données.
- Gérer les contraintes de performance et de sécurité.
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Cycle de vie d’une base de données
- Étude des besoins (ou analyse).
- Conception conceptuelle : création d’un modèle conceptuel (ex. MER : Modèle Entité-Relation).
- Conception logique : traduction du modèle conceptuel en un schéma logique (tables, attributs, clés).
- Conception physique : mise en place des structures de stockage et optimisation (index, etc.).
- Implémentation et test : utilisation du langage SQL ou d’outils SGBD pour créer la base.
- Exploitation et maintenance : corrections, évolutions, ajustements de performance.
2. Analyse des besoins et spécifications
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Collecte des besoins
- Comprendre la finalité de la base (types d’informations à stocker, utilisateurs cibles, volume de données, etc.).
- Interroger les futurs utilisateurs et rédiger un cahier des charges fonctionnel.
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Identification des informations et des processus
- Lister les données nécessaires.
- Analyser les flux de données et la fréquence des mises à jour.
- Déterminer les besoins en performance (temps de réponse, volume).
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Résultats attendus
- Jeu d’exemples de données.
- Cas d’utilisation décrivant les grandes interactions avec le système.
- Contraintes particulières (sécurité, confidentialité, haute disponibilité, etc.).
3. Modélisation conceptuelle (Modèle Entité-Relation)
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Concepts fondamentaux du Modèle Entité-Relation (MER)
- Entité : objet ou concept du monde réel à représenter (ex. Personne, Produit, Commande).
- Attribut : caractéristique d’une entité (ex. nom, date de naissance, prix).
- Clé primaire (attribut ou ensemble d’attributs) identifiant de façon unique chaque occurrence d’une entité.
- Relation (Association) : lien sémantique entre entités (ex. Un client passe des commandes).
- Cardinalités : précisent le nombre minimal et maximal d’occurrences d’une entité liées à une occurrence d’une autre entité (1:1, 1:N, N:N).
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Étapes de la conception conceptuelle
- Identification des entités : à partir des besoins, déterminer les grandes classes d’objets.
- Identification des attributs : recenser les informations décrivant chaque entité.
- Identification des relations : repérer les associations logiques entre entités.
- Définition des cardinalités : préciser le degré de participation (1:1, 1:N, etc.).
- Placement des clés primaires : pour identifier de manière unique chaque entité.
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Associations spécifiques
- Relation N:N : se modélise en général par une table (entité associative) dans la conception logique.
- Relation 1:1 : parfois fusionnable en une seule entité si la séparation n’est pas pertinente.
- Héritage / spécialisation : modéliser les sous-classes et super-classes avec les attributs communs et spécifiques.
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Exemple (simplifié)
- Entité
Client(clé primaire :ID_Client, attributs :Nom,Prénom,Téléphone) - Entité
Commande(clé primaire :ID_Commande, attributs :Date,MontantTotal) - Relation :
Clientpasse NCommandes(1:N)
- Entité
4. Modélisation logique
Une fois le modèle conceptuel validé, on passe au modèle logique (généralement relationnel).
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Traduction des entités en tables
- Chaque entité devient une table.
- Chaque attribut devient une colonne.
- La clé primaire de l’entité est choisie comme clé primaire de la table.
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Traduction des relations
- Relation 1:N : la clé primaire de la table côté « 1 » devient clé étrangère dans la table côté « N ».
- Relation N:N : créer une table associative contenant au minimum les clés primaires des deux tables impliquées.
- Relation 1:1 : si elle se justifie, on peut stocker la clé primaire d’une table comme clé étrangère (et potentiellement clé primaire) dans l’autre table.
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Contraintes d’intégrité
- Clé primaire (PRIMARY KEY) : identifiant unique d’une table.
- Clé étrangère (FOREIGN KEY) : fait référence à une clé primaire d’une autre table pour lier logiquement les données.
- Contraintes de domaine (type de données, valeurs autorisées, etc.).
- Contraintes d’unicité (UNIQUE) pour éviter les doublons.
- Contraintes de non-nullité (NOT NULL) pour exiger la présence d’une valeur.
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- Vise à éliminer les redondances et à éviter les anomalies (d’insertion, de suppression, de mise à jour).
- Principales formes normales :
- 1ère forme normale (1NF) : pas de répétition de groupes d’attributs, atomicité des valeurs.
- 2ème forme normale (2NF) : être en 1NF et tous les attributs non-clés dépendent de la totalité de la clé primaire (dans le cas de clé primaire composite).
- 3ème forme normale (3NF) : être en 2NF et tous les attributs non-clés dépendent directement de la clé primaire (pas de dépendances transitives).
- Forme Normale de Boyce-Codd (BCNF) : condition plus stricte que la 3NF, toute dépendance fonctionnelle doit avoir une clé candidate comme déterminant.
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Exemple (simplifié de traduction MER → MLD)
- Table
CLIENT(ID_Client, Nom, Prénom, Téléphone, ...) - Table
COMMANDE(ID_Commande, Date, MontantTotal, ID_Client en FK)
- Table
5. Conception physique
Une fois le modèle logique défini, on passe à la conception physique, c’est-à -dire l’implémentation dans un SGBD réel (MySQL, PostgreSQL, Oracle, etc.).
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Choix du SGBD
- Critères : performance, compatibilité, robustesse, coût, etc.
- Spécificités : types de données particuliers (DATE, VARCHAR, TEXT, BLOB, etc.), syntaxe SQL propre au SGBD.
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Création des tables (DDL – Data Definition Language)
CREATE TABLE Client ( ID_Client INT PRIMARY KEY, Nom VARCHAR(50) NOT NULL, Prenom VARCHAR(50), Telephone VARCHAR(20), ... );- Définition des types de données, des contraintes (NOT NULL, UNIQUE, DEFAULT, etc.).
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Indexation
- Index : structure de données (souvent arbre B) permettant d’accélérer les recherches.
- Index primaire : généralement la clé primaire.
- Index secondaires : pour accélérer des requêtes fréquentes sur certains attributs.
- Attention : trop d’index peut nuire aux performances en insertion / mise à jour.
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Optimisations
- Choix du type de stockage (InnoDB/MyISAM pour MySQL, etc.).
- Partitionnement des tables pour de grands volumes de données.
- Vérification de la taille des champs pour optimiser l’espace disque.
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Sécurité et gestion des droits
- Création d’utilisateurs avec des privilèges spécifiques (GRANT, REVOKE).
- Contrôle d’accès, gestion des rôles.
- Sécurisation des données sensibles (chiffrement, masquage des données).
6. Manipulation des données et requêtes SQL
Après la création physique des structures, on manipule les données grâce au langage SQL.
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Langage de définition de données (DDL)
CREATE TABLE,ALTER TABLE,DROP TABLE, etc.
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Langage de manipulation de données (DML)
- INSERT : ajouter des enregistrements.
- UPDATE : modifier des enregistrements existants.
- DELETE : supprimer des enregistrements.
- SELECT : interroger la base pour récupérer des données.
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Requêtes de sélection (SELECT)
- Sélection simple :
SELECT Nom, Prenom FROM Client WHERE ID_Client = 123; - Clauses :
WHERE,GROUP BY,HAVING,ORDER BY,LIMIT, etc. - Jointures :
- INNER JOIN : retourne les enregistrements communs aux deux tables.
- LEFT JOIN : retourne tous les enregistrements de la table de gauche même s’il n’y a pas de correspondance.
- RIGHT JOIN, FULL JOIN, etc.
- Sélection simple :
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Fonctions d’agrégation
COUNT(),SUM(),AVG(),MAX(),MIN().- Souvent combinées avec
GROUP BY.
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Transactions et contrĂ´le de concurrence
- START TRANSACTION / COMMIT / ROLLBACK : pour garantir la cohérence des données en cas de pannes ou d’actions multiples.
- Isolation : niveaux d’isolation (READ UNCOMMITTED, READ COMMITTED, REPEATABLE READ, SERIALIZABLE).
7. Intégrité, contraintes et triggers
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Intégrité référentielle
- Clé étrangère : assure la cohérence entre les tables (ex. ne pas supprimer un client qui a encore des commandes actives).
- Action sur suppression / mise Ă jour :
ON DELETE CASCADE,ON DELETE SET NULL, etc.
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Contraintes métier
- CHECK : impose des conditions sur un attribut (ex.
CHECK (MontantTotal >= 0)). - UNIQUE : pour forcer l’unicité sur un ou plusieurs attributs (ex. une adresse email).
- CHECK : impose des conditions sur un attribut (ex.
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Triggers
- Blocs de code exécutés automatiquement lors d’un événement (INSERT, UPDATE, DELETE).
- Utilisés pour assurer des règles métier complexes ou pour historiser des changements.
8. Évolutions, maintenance et performance
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Évolutions
- Modification du schéma : ajout ou suppression d’attributs, création de nouvelles tables, migration de données.
- Nécessité de planifier les changements et de tester en environnement de pré-production.
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Maintenance préventive
- Réindexation régulière.
- Nettoyage des données obsolètes.
- Sauvegardes automatiques (backups).
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Surveillance des performances
- Outils de monitoring (journaux d’activité, analyse de requêtes lentes).
- Optimisation des requêtes (utiliser les bons index, éviter les jointures inutiles).
- Scalabilité (ajout de ressources matérielles, sharding, réplication).
9. Bonnes pratiques et conseils pour l’examen
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Bien maîtriser la modélisation conceptuelle (MER)
- Être à l’aise avec la définition des entités, attributs, relations et cardinalités.
- Justifier vos choix de modélisation en cas d’héritage, entités faibles, etc.
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Normalisation
- Connaître les différentes formes normales et savoir détecter rapidement les anomalies de conception (redondances, dépendances partielles, transitives).
- Savoir les appliquer de façon pragmatique (on ne pousse pas toujours à BCNF selon les besoins).
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SQL et jointures
- Savoir écrire des jointures correctes (INNER, LEFT, etc.).
- Maîtriser les agrégations (
GROUP BY,HAVING) et la logique des transactions.
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Contraintes et intégrité
- Comprendre l’importance des clés primaires et étrangères.
- Connaître les mécanismes de
ON DELETEetON UPDATE.
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Préparation d’un schéma relationnel complet
- Se préparer à fournir un schéma (tables, clés, types de données) et justifier la présence de certaines colonnes (FK, index).
- Être capable d’expliquer la conception du modèle physique et son adéquation aux contraintes de performance et de sécurité.
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Relecture, cohérence et syntaxe
- Vérifier systématiquement les liens entre tables (FK).
- Veiller à la cohérence des types de données (VARCHAR taille suffisante,
DATE/TIMESTAMPpour les dates, etc.). - Reprendre un exemple concret pour illustrer chaque concept.
Conclusion
La conception de bases de données consiste à transformer des besoins métier en un modèle conceptuel puis logique et enfin à l’implémenter physiquement dans un SGBD. Chaque étape (analyse, modélisation, normalisation, implémentation, maintenance) est cruciale pour assurer une base de données fiable, performante et évolutive.
Pour l’examen, focalisez-vous sur :
- La construction et la justification du Modèle Entité-Relation (MER).
- La traduction de ce modèle au format relationnel (tables, clés, contraintes).
- Les principes de normalisation et leur application concrète.
- Les aspects de SQL (jointures, transactions, sous-requêtes, fonctions d’agrégation, etc.).
- Les contraintes d’intégrité (clés primaires, étrangères, CHECK, triggers).